L'homme et l'avortement

L'homme et l'avortement
Article déposé le 23 janvier 2010

En France, lorsqu'une femme décide de recourir à un avortement, le consentement du "géniteur" n'est pas requis. Ce droit des femmes peut sembler injuste et inégalitaire si on le sort de son contexte sociétal. En effet, notre société est une société où la domination masculine n'est plus à démontrer et où des lois vont encore être votées en faveur de l'égalité entre les femmes et les hommes en ce qui concerne le monde professionnel.

L'histoire des femmes dans notre société a incité le législateur à encadrer la demande d'avortement pour s'assurer autant que possible que la demande émane bien de la femme et non pas de son conjoint. C'est pourquoi au Planning Familial comme dans les centres de planification, les femmes sont reçues seules dans un premier temps. Le conjoint peut, de ce fait, se sentir exclu dans cette démarche d'avortement.

De part mon expérience si je devais "catégoriser" des profils d'hommes, j'en retiendrai quatre :


 


  • L'homme dominant : c'est lui qui décide de la poursuite ou non de la grossesse. Sa femme lui obéit. Lui, il sait si c'est le moment ou non. Il utilisera bien souvent des arguments purement d'ordre économique s'il a décidé de "faire avorter sa femme". Anecdote : j'ai accompagné un couple divergeant quant à la décision d'avortement. La femme voulait poursuivre la grossesse et l'homme voulait qu'elle avorte. L'argument du monsieur était que le rapport sexuel qu'ils avaient eu n'avait pas comme objectif la reproduction. Par conséquent, il voulait que la grossesse soit interrompue. Mais, il était tout à fait disposé à avoir des rapports sexuels avec cette même femme dès qu'elle aurait pratiqué l'IVG pour avoir une grossesse.


  • L'homme compatissant  : il ne sait pas quoi faire pour aider sa compagne, il partage les mêmes arguments qu'elle. Il n'a qu'un seul regret c'est de ne pas vivre l'avortement dans son corps. Ce type d'homme accompagne sa partenaire à tous les entretiens. Il peut se sentir exclu par les professionnels qui sont bien trop souvent confrontés au profil décrit ci-dessus. Si bien que son espace de parole est quasiment nul. Il sera même sollicité pour être très compréhensif envers sa femme mais peu de professionnels seront à son écoute


  • L'homme présent physiquement : on ne sait pas ce qu'il pense, ce dont il a besoin, ni même pourquoi il est présent. A-t-il besoin d'un espace de parole ?, fait-il acte de présence pour faire plaisir à sa partenaire ?, il sait qu'il n'aura pas le dernier mot alors il préfère ne rien dire pour ne pas rentrer dans un conflit avec sa partenaire ? Dans ce cas, le professionnel ne sait pas quoi faire, pas quoi dire ni quoi proposer à cet homme. Nous savons très bien qu'il se joue quelque chose dans ce couple à ce moment là, mais nous ne pourrons intervenir que si l'un et/l'autre nous y invite.


  • L'homme absent : il est absent pour plusieurs raisons, il travaille et donc il ne s'est pas rendu disponible, il a quitté sa partenaire dès qu'il a appris la grossesse, il ne sait pas quoi faire, il n'a pas été informé par sa compagne de la situation…

 

Pour conclure



En rédigeant cet article, je pensais principalement aux hommes qui essaient de vivre une relation égalitaire au sein de leur couple et qui peuvent se sentir parfois exclus de l'accompagnement dans une démarche d'avortement. Il me semble important que vous messieurs vous puissiez aussi vous exprimer quant à votre ressenti vis-à-vis de cette démarche. Vous devrez dans ce cas non seulement vous autoriser à l'exprimer mais aussi il vous faudra trouver le professionnel qui pourra vous accompagner l'un et l'autre et non pas l'un ou l'autre. Lorsque je parle d'accompagnement, je ne parle pas de suivi sur un long terme, il s'agit d'une écoute sur une ou deux séances maximum mais qui aura des répercussions dans la construction de votre couple face à cette épreuve.
Classé dans : Féminin - Masculin

À propos de l'auteur

Caroline Van Assche

Formée à la thérapie de Couple et de Famille à l'Institut Michel Montaigne à Bordeaux,

Formée à l'ICV (Intégration du Cycle de Vie) à l'Institut Double Hélice,


Diplômée en Psychologie Clinique et Pathologique à l'Université Bordeaux 2 Victor Segalen,


Formée au Conseil Conjugal et Familial au Planning Familial de la Région Ile de France,

Formée au Travail Psychanalytique avec les couples et les familles au Collège de Psychanalyse Groupale et Familiale de Bordeaux,
Formée à la Sexologie Clinique et Santé Publique à l'Université Paris 7 René Diderot,
Formée à la Sexologie Sexofonctionnelle à l'Université Paris 6 Pierre et Marie Curie,
Membre de L'Association Nationale des Conseillers Conjugaux et Familiaux,
Membre de L'Association Francophone de Sexologie Sexofonctionnelle.