"Je bande donc je suis"

Je bande donc je suis
Article déposé le 6 novembre 2009

Petit jeu entre internautes

Avant de commencer la lecture de cet article, je vous propose de faire un petit jeu qui ne vous prendra que quelques secondes !

Préparez vous, voici la consigne :
Le plus rapidement possible et sans réfléchir, décrivez deux hommes sachant que l'un a des érections facilement, et l'autre est impuissant.

Maintenant que ce petit jeu est fait, vous pouvez lire l'article et ensuite vous pourrez réfléchir quant à vos descriptions.

Représentation de l'homme dans nos sociétés

Comme je l'ai décrit dans l'article Etre un homme aujourd'hui, dans l'inconscient collectif, l'homme est représenté comme étant viril, fort, puissant… C'est sa force physique qui est mise en avant.Il doit être performant en sport, au travail et dans sa vie sexuelle.

Cette représentation de la performance sexuelle masculine est tellement prégnante que les hommes construisent leur identité au travers de cette image. Les femmes, quant à elles, construisent leur représentation masculine avec une supposée appétence sexuelle plus importante chez l'homme et avec un sexe toujours en érection.

Que ce passe-t-il lorsque l'homme présente des troubles de la fonction érectile?


Nous sommes formatés dans cette équation: ERECTION = PERFORMANCE SEXUELLE + PERFORMANCE PROFESSIONNELLE + PERFORMANCE ECONOMIQUE

Si bien que lorsqu'il y a un trouble de l'érection tout est remis en question dans le couple. On utilise le terme IMPUISSANT pour évoquer celui qui n'a pas d'érection. Cela sous-entend que lorsqu'un homme a la faculté d'être en érection, il est puissant.
Lorsqu'un homme présente un trouble de l'érection, il s'imagine de ce fait être moins performant. Ainsi, une grande souffrance psychique peut être engendrée et les répercussions peuvent concerner tous les domaines de sa vie.

Vivant dans une société où le pouvoir médical prédomine,beaucoup d'hommes vont se réfugier derrière des traitements médicaux allant de la simple prise de comprimés jusqu'à l'intervention chirurgicale, en passant par les injections. C'est soit disant simple, rapide et efficace mais surtout c'est rassurant car organique, physiologique et réversible.

Lorsque l'on va sur des forums de discussion traitant des dysfonctions érectiles, de l'impuissance… les internautes vous donnent très facilement des adresses de sites de vente en ligne de tels ou tels remèdes. Même les modérateurs de ces forums où faire de la publicité pour un site est strictement interdit sous peine d'en être banni font des post listant les soit disant meilleurs sites de vente en ligne. C'est dire à quel point prendre un traitement médical même sans ordonnance est totalement banalisé, facilité voir même incité.

Les traitements médicaux sont nécessaires dans certains cas mais pas dans tous et s'en remettre uniquement à ces traitements c'est nier les causes psychologiques tout en niant la souffrance psychique chez un sujet présentant des troubles sexuels. S'en remettre uniquement aux traitements médicaux pour les troubles de la fonction érectile, c'est aussi penser la sexualité qu'au travers de la pénétration et d'une performance quantitative et non pas qualitative. C'est aussi éviter toute réflexion personnelle, toute remise en question et tout travail sur soi.

Utiliser un trouble de la fonction érectile pour entreprendre un bilan médical est aussi important que de l'utiliser pour entreprendre un travail sur soi-même et sa relation à l'Autre. Les résultats sont parfois plus longs et plus douloureux à obtenir mais entreprendre cette réflexion c'est miser sur la qualité de la vie sexuelle.

Les causes des troubles érectiles



Ma prétention ici est juste de lister les causes des troubles érectiles.

Les causes médicales

- le diabète
- les causes neurologiques (traumatisme de la moëlle épinière, maladie de Parkinson, sclérose en plaque…)
- les causes hormonales (faible taux de testostérone, hypogonadisme, traitement par œstrogènes ou antiandrogène, maladie des glandes surrénales, hyper ou hypothyroïdie, fort taux de prolactinémie)
- les causes artérielles : hypertension artérielle
- la maladie de La Peyronie
- les atteintes veineuses (fuite, séquelle de priapisme).

Les causes psychologiques

- l'anxiété due à la vie professionnelle, familiale…
- les problèmes matrimoniaux
- la peur de ne pas être à la hauteur de la performance attendue
- la dépression
- la monotonie sexuelle
- le questionnement de l'identité sexuelle
- la baisse de la libido et de l'intérêt pour le sexe peuvent entrainer une baisse du taux de testostérone.

Pour conclure



Il est important de faire un bilan médical complet quand on présente un trouble sexuel. Toutefois, s'en remettre exclusivement à l'aspect médical c'est à mon sens se nier en tant qu'homme. C'est aussi percevoir la sexualité que dans sa part "animal" en se privant de toute la part qualitative dans sa relation à l'Autre.
Classé dans : Féminin - Masculin

À propos de l'auteur

Caroline Van Assche

Formée à la thérapie de Couple et de Famille à l'Institut Michel Montaigne à Bordeaux,

Formée à l'ICV (Intégration du Cycle de Vie) à l'Institut Double Hélice,


Diplômée en Psychologie Clinique et Pathologique à l'Université Bordeaux 2 Victor Segalen,


Formée au Conseil Conjugal et Familial au Planning Familial de la Région Ile de France,

Formée au Travail Psychanalytique avec les couples et les familles au Collège de Psychanalyse Groupale et Familiale de Bordeaux,
Formée à la Sexologie Clinique et Santé Publique à l'Université Paris 7 René Diderot,
Formée à la Sexologie Sexofonctionnelle à l'Université Paris 6 Pierre et Marie Curie,
Membre de L'Association Nationale des Conseillers Conjugaux et Familiaux,
Membre de L'Association Francophone de Sexologie Sexofonctionnelle.